samedi 21 mars 2009

Quelques jours de repos a La Paz avant d'arriver a Sucre







Nous sommes jeudi… quatre jours déjà que je suis arrivée en Bolivie, mais une journée seulement que je suis à Sucre.
Le voyage s’est bien passé. Avec Assia, la volontaire qui m’accompagnait, Arnaud, mon voisin dans l’avion, et Lita, une allemande d’origine russe (qui vit en Belgique), nous avons profité de faire escale à Miami pour aller à la plage. L’occasion idéale de fouler le sol américain sans avoir à y rester trop longtemps. Malheureusement, ce n’est pas pas encore cette fois ci que mon aversion pour ce pays (trop grand pour être réduit à ses clichés, je le sais, mais c’est plus fort que moi) disparaîtra. Entre l’aéroport et la plage, rien que de larges avenues arpentées par de grosses voitures reluisantes et bordées de complexes hôteliers sans charme. La plage, heureusement, avec son eau azur et ses cocotiers, valait la peine de s’y allonger quelques heures. A la fin de l’après midi, nous avons repris, tongs aux pieds, le bus pour l’aéroport où nous attendait Charlotte et Mickaël, les deux autres volontaires d’Ayni arrivés à Miami par le vol suivant.

Nous sommes arrivés à la Paz à 7H le lendemain matin (c’est à dire lundi midi chez nous). Là bas, Daniel, un collaborateur d’Ayni, nous attendait. C’est lui qui nous a gentiment hébergé pendant deux jours ! Chez lui nous avons fait la connaissance d'une famille de français qui parcourt l’Amérique en vélo-couché depuis huit mois ! Zoé accompagne ses parents dans leur périple grace à une petite cariole qui s’attache aux vélos-couchés, et elle est même suivie en France par sa classe grace à un blog : http://zoe.aux.zameriques.over-blog.com/3-index.html. A aller voir absolument ! Si le vent les y porte, ils passeront peut être nous voir à Sucre dans quelques jours. Affaire à suivre !

Pendant ces deux jours à La Paz, quand nous n’étions pas à l’appartement à discuter politique ou logiciel libre avec Daniel (qui travaille chez Entel, l’entreprise de télécommunication nationalisée il y a quelques mois par le gouvernement de Morales), nous visitions la ville. De la terrasse de Daniel, nous avions une vue imprenable sur cette immense métropole, perchée à 4000m de hauteur et construite dans une cuvette. Chose étonnante : comme conséquence de l’exode rurale massive de ces dernières années, les plus pauvres se sont installés sur le flanc des montagnes, étirant toujours plus haut les limites de la ville. Si le quartier de Daniel est plutôt tranquille, durant la journée le centre ville est animé en permanence. Microbus, vendeurs de nourriture ambulants, petites boutiques en tous genre, cireurs de chaussures… à chaque coin de rue de nouvelles découvertes nous attendaient.

Cette ville est accueillante, certes, mais il faut quand même faire attention. Dès notre premier repas, dans une petite cantine tout à fait correcte, Arnaud s’est fait voler son sac et tout son matériel de photo. Cette mésaventure nous a rappelé que dans certains endroits, mieux vaut surveiller ses affaires de près ! Heureusement, à Sucre, nous n’avons à priori vraiment pas grand chose à craindre.

Mardi soir, nous avons rejoint Daniel au siège d’Entel pour une mini conférence sur les logiciels libres… ou l’intérêt de laisser tomber Windows, entreprise monopoliste et lucrative, pour se mettre au « softwares » libres. En résumé (pour ceux qui comme moi n’avait pas l’esprit clair sur le sujet) : les logiciels libres sont des logiciels gratuits, qui circulent librement et sont modifiables à souhait. Un usager qui améliore le logiciel pour son propre compte a ensuite tout intérêt à le « rebalancer dans le circuit » afin que d’autres l’améliorent à leur tour et lui permettent d’en profiter. Malheureusement, malgré mon engouement pour les logiciels libres, j’ai la sensation que Windows a rendu les gens tellement dépendants à ses propres logiciels que la perspective de devoir tout réapprendre en passant aux logiciels libres leur fait peur. Pourrait t-on imaginer de n’installer que des logiciels libres dans les lycées et collèges afin de familiariser les élèves dès leur plus jeune âge aux logiciels libres. Pour ma part, Daniel m’a donné un « système d’exploitation libre » à installer… je ne sais pas encore si j’aurai le courage de m’y mettre. Autre affaire à suivre.

Le lendemain soir de la conférence, nous sommes retournés au siège d’Entel pour la présentation publique d’un livre sur les conséquences de la nationalisation de l’entreprise de téléphonie. Autre sujet intéressant puisque ETI, l’entreprise italienne qui détenait Entel avant la nationalisation, a décidé de poursuivre la Bolivie devant le CIRDI (centre de règlement des différents internationaux en matière d’investissements). Mais pas question pour la Bolivie de comparaître car d’une part, elle s’était déjà retirée du CIRDI au moment où ETI a porté l’affaire devant la justice. D’autre part cette nationalisation apparaît tout à fait naturelle puisque plutôt que de les réinvestir en BolivieETI renvoyait tous ses bénéfices à l’étranger. Bref, entre le droit des peuples à accéder aux services et le droit des entreprises à protéger leurs investissements… le débat reste ouvert. Néanmoins, ma sympathie va bien sûr au peuple bolivien, qui dépend encore beaucoup trop à mon goût d’entreprises étrangères peu soucieuses de ses lointains clients latinoaméricains.

vue de haut d'El Alto

Mercredi avant de prendre le bus pour Sucre nous avions rendez vous avec un ami de Daniel pour visiter El Alto. En fait El Alto, qui est la troisième ville de Bolivie par la taille, a à peine 50 ans ! Elle est le résultat de trois vagues de migrations, la première au milieu du siècle, la seconde en 1980, de paysans ruinés par la sécheresse, et la troisième en 1985 avec la fermeture des mines d’étain et la mise à pied de milliers de mineurs. Dans cette ville champignon en perpétuelle construction, les migrants sont tous devenus des travailleurs informels, chacun s’est trouvé une activité de subsistance (la plupart des alteños vivent avec moins d’un dollar par jour). Mais, chose étrange, quand on s’y promène ce n’est pas la pauvreté qui frappe le plus, mais plutôt le mouvement incessant, les trottoirs envahis de marchants, les rues envahies de microbus, les immeubles sur lesquels on ne cesse d’ajouter des étages, les odeurs, le bruit…
Et puis les apparences sont trompeuses : El Alto est bien plus organisée qu’elle n’y parait. Abandonnés à leur sort depuis des dizaines d’années, les alteños se sont rassemblés en juntas vecinales, des comités de quartiers vecteurs d’entraide entre les habitants d’une même zone. Pour coordonner le tout : la Fejuve, fedération des juntas vecinales, rassemblent des représentants de chaque junta. Les mouvements sociaux d’El Alto se sont rendu célèbres en 2003 en jouant un rôle de premier plan dans l’éviction de Sanchez de Losada du pouvoir.

A l’heure où je publie ce papier, nous sommes déjà samedi matin… cela fait deux jours que je suis à Sucre et j’ai déjà tellement à ajouter à ce papier. Mais ce sera pour le prochain billet, moins fouilli que celui ci c’est promis ! En me relisant, je me rends compte que plutôt que de mon quotidien, j’ai vraiment envie que ce blog parle de la Bolivie, de ses habitants, de ses défis, de ses merveilles et de ses problèmes… n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

J'espère que vous allez tous bien ! Cuidense mucho y hasta pronto.

Marionnetta

4 commentaires:

  1. Que bueno d'avoir de tes nouvelles! Je me réjouis que nous soyons sur le même continent.
    Mais il manque le lien du blog de la famille de joyeux cyclistes...
    Disfruta, disfruta, disfruta.
    Y bienvenida cuando quieres.

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  2. Les logiciels libres fonctionnent de la même manière que les logiciels Windows, Mac, etc. donc plutôt faciles à prendre en main ; pas d'apprentissage nécessaire ! Je peux te changer ton MS Office par un Open Office, tu risques à peine de t'en rendre compte !
    ;-)

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  3. halala comme c chouette d avoir de tes nouvelles comme ça! et puis pour repondre à ce que tu dis, c est pas fouilli du tout, c'est hyper intéressant et puis tu écris vachement bien, est vraiment agréable à lire... je sais pas si c'est ton expérience de journaliste qui fait ça... ;-)
    en tout cas ça me donne envie de continuer à te suivre via ce blog...
    plein de bisous et à bientot!
    pauline v pour vaneeckhoutte!

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  4. Que de nouvelles ! Tu vas faire une ethnographie des Alteños ? Racontes-moi comment les rues sentent et font du bruit ? A bientôt.

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