mercredi 22 avril 2009

Cocoroicooo!

Le temps a passé vite depuis mon dernier billet. Je suis bien occupée. Entre mes ateliers à préparer, mes premiers contacts avec les jeunes des bibliothèques, mes cours de flûte et d’espagnol, plus quelques fêtes… je n’ai pas le temps de m’ennuyer.

Heureusement, si les semaines sont chargées, les week-ends permettent de se reposer. D'ailleurs le week-end dernier Charlotte et moi sommes allées retrouver Arnaud et Pierre (nos deux amis français du départ) a Coroico, un petit village situé dans les Yungas, une région au Nord de La Paz. , a cheval entre les Andes et l’Amazonie. Nous avons profité du vendredi férié (Pâques) pour partir des le jeudi soir par le bus de nuit pour la Paz

Malgré sa proximité avec la Paz, Coroico est tout ce qu’il y a de plus dépaysant. En trois heures de voyage, on passe de 4500 à 1750m et la transformation du paysage s’en ressent. Au fur et a mesure qu’on perd de l’altitude, le climat sec et venteux devient chaud et humide, les hauts sommets pelés de l’Altiplano font place a de moyennes montagnes a la végétation luxuriante, et la route goudronnée se transforme en piste poussiéreuse !

A notre arrivée à Coroico une mauvaise surprise nous attendait : tous les hôtels étaient archi complets ! Nous avons commencé par marcher d’un hôtel à l’autre, sans succès. Finalement, la nuit (et la pluie) tombant, on a finalement décidé d’aller demander leur aide aux habitants. Je me suis mise à faire du porte a porte en expliquant que même une cave nous conviendrait... et ça a marché ! Au bout d’une vingtaine de maisons, une femme a fini par accepter de nous louer une chambre. C’était forcement un peu plus cher que si on avait réservé un hôtel, mais c’était ça ou retourner a La Paz, donc pour nous c’était juste miraculeux.

A Coroico nous avons fait deux belles balades dans les montagnes. La première devait nous amener jusqu'à trois grandes cascades. En fait, après 2 bonnes heures de marche dans les montagnes, nous avons débouché sur une route au bord de laquelle se trouvait un petit bassin alimenté par deux filets et où on pouvait faire trempette. L’eau du bassin s’écoulait ensuite sur la route, se mêlant à la boue amenée par les camions de touristes… Bref, ce n’était vraiment pas l’oasis perdue dans les montagnes que nous imaginions! Par contre, la présence de boliviens sur des chaises longues au bord de la route m’a confirmé qu’en Bolivie comme au Mexique le week-end est toujours l’occasion de s’échapper en famille, vers des loisirs simples. Cela m’a egalement rappelé mon séjour a Puebla il y a quelques années, quand chaque dimanche avec toute la famille on partait au restaurant, a la fête foraine, a la foire, ou encore au cimetière…Cela devait être pareil en France il y a quelques années, a l’époque des familles nombreuses et des loisirs de masse…

Le samedi soir une fête était organisée sur la place centrale de Coroico. Nous avons eu la chance d’assister à un concert et des danses afro boliviennes ! Eh oui, il existe une population noire en Bolivie ! Amenés comme esclaves pour travailler dans les mines il y a plusieurs siècles, une fois les conquistadores partis, ces africains se sont réfugiés dans les Yungas et s’y sont installés ! Si dans leurs danses et leur musique on sent encore l’influence de lointaines racines africaines, ce sont des boliviens a part entière. Ils nous ont d'ailleurs largement démontré par leur chants leur attachement a la nation.





A peine rentrée à Sucre, j’avais atelier avec les mamans de Mesa Verde. Heureusement c’était Coline qui était chargée de préparer l’atelier. Apres l’atelier salades et l’atelier soupe de cacahuetes, Coline avait choisi de faire un atelier gâteaux au yaourt aux fruits. En fait tout s’est bien passé jusqu'au moment ou il a fallu cuire les gâteaux et ou on s’est rendu compte que la bouteille de gaz (ici tout marche au gaz) du four était vide. On est allée en acheter une nouvelle, mais comme le tuyau fuyait, au bout de quelques minutes le gaz qui s’était répandu dans l’air a pris feu. Heureusement la bibliothécaire s'est precipitée pour éteindre le robinet du gaz, mais ça nous a quand même fait une belle frayeur. Finalement Coline a ramené les 4 gâteaux a la maison pour les cuire dans notre four (et s’est mis un chauffeur a dos en renversant plein de pâte dans son bus). Demain c’est mon tour d’animer l’atelier. J’ai prévu un atelier quiches. Je prie donc pour que le four fonctionne



Parmi les autres événements marquant de ces derniers jours, il y a eu notre passage par l’hôpital. Rassurez vous, personne n’a été malade, c’était juste un passage obligé pour obtenir le visa. Parmi un paquet d’autres paperasses et démarches qu’Elodie se chargent de faire pour nous, il y avait une prise de sang et une radio du thorax. Il fallait d’abord obtenir une ordonnance du médecin pour aller ensuite faire la prise de sang. Petit détail : le médecin arrivant a 8h, et les prises de sang n’ayant lieu qu’entre 7 et 8h, on ne pouvait pas faire les deux le même jour et nous avons du venir deux matins de suite a 7H. J’ai au moins gagné un examen sanguin gratuit et fait connaissance avec mon thorax



En fait cela fait peu de temps que les démarches migratoires se sont durcies. C’est certainement né des suites de la lettre ouverte adressée par Morales aux européens il y a deux ou trois ans(A lire absolument : http://www.alterinfos.org/spip.php?article2422). Il l’avait écrite suite au durcissement par l’Espagne de ses politiques migratoires et à la publication de sa « directive retour ». Alors qu’elle encourageait les étrangers à venir travailler sur son sol depuis plusieurs années, l’Espagne (et la France a sa suite) a soudainement coupé le robinet et s’est mis à promouvoir le retour au pays. Dans sa lettre, Morales menaçait d’appliquer aux ressortissants européens de passage en Bolivie les mêmes démarches que celles que subissent les boliviens sur le vieux continent. Ayant été témoin lorsque je vivais en Espagne des galères de mes colocataires latino (emplois illégaux, sorties régulières du pays pour renouveler un visa…), je comprends la décision de Morales. Ce durcissement n’est pas souhaitable en lui-même mais il était le seul recours des boliviens pour faire comprendre a nos pays qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent avec les étrangers, encore moins quand ils les ont encouragé à venir…
En attendant, moi qui déteste avoir affaire avec l’administration, j’essaye de prendre ces démarches avec philosophie en me disant que je fais les frais des politiques injustes menées dans mon pays. N’empêche, pourvu qu’on ait bientôt un visa…








Raúl, mon chouchou a Urkupiña. Il parle a peine espagnol mais ses grands sourires compensent largement la parole et il est toujours partant pour tout!
















Mardi dernier, c’était El dia del niño, c'est-à-dire la fête des enfants. Je n’ai pas réussi à savoir l’origine et l’age de cette tradition mais je peux vous dire qu’elle a du succès. A cette occasion, nous avons organisé une après midi récréative avec les enfants des quatre bibliothèques gérées par l’association. Avec Magali, une interne en pédagogie en stage a Ayni, nous avons décidé de faire le jeu de la toile d’araignée. Les enfants devaient passer le plus vite possible entre des fils de laine tendus sans les toucher. Ca a eu l’air de leur plaire. Ensuite a eu lieu la traditionnelle course de sac qui a bien fonctionné elle aussi. Ici les animateurs n’ont pas vraiment de règles de sécurité à respecter et c’est parfois un peu déroutant. Moi qui étais habituée à compter les enfants toutes les deux minutes et à reformer les rangs à chaque coin de rue, je vais devoir changer mes habitudes. N’empêche, vu les délires législatifs qui ont cours en France, cela fait du bien de pouvoir organiser des activités sans avoir sans arrêt a envisager le pire (je ne suis pas sure qu’on m’aurait laisse organiser cette course de sacs en France… c’est vrai, les enfants pouvaient tomber…d’ailleurs c’est arrivé plus d’une fois).



Apres les cours de quena (qui se terminent demain), mes cours d’espagnol sont mon autre grand plaisir de la semaine. Déjà ça fait du bien de parler espagnol car à l’appart on parle surtout en français. Et puis ça me permet de revoir pas mal de règles oubliées, de lever mes vieux doutes et d’améliorer mon espagnol écrit. J’ai renoué avec mes anciennes habitudes d’élève modèle et harcèle mon prof de questions à longueur de cours. Le plus petit joueur de zampoña du centre culturel des Masis

Sinon la colocation se passe bien, avec ses bons et ses mauvais cotés. Les bons c’est le plaisir de se sentir comme dans une petite famille, d’aller chercher le pain pour 7 le matin, de cuisiner et manger a plusieurs, d’organiser des grosses soirées sur la terrasse, de rencontrer les amis des autres, ou encore d’avoir toujours quelqu’un a portée de main pour vous aider ou vous écouter… Les moins bons c’est qu’il est dur de s’isoler les jours de mauvaises humeurs, dur d’être toujours a l’écoute des autres quand ils en ont besoin, ou encore de se rendre disponible pour aider quand on avait prévu de faire autre chose. En tout cas, un bon point c’est qu’au niveau pratique la vie en collectivité se passe plutôt bien. Même si tous les deux jours un robinet se met à fuir ou qu’une prise disjoncte, chacun y mettant un peu du sien, ça finit toujours pas être réparé.

Assia fait dodo...

Petit dernier rappel avant de vous laisser : ceux qui le souhaitent sont les bienvenus ! Sucre est vraiment une belle ville et une bonne étape de voyage. Je ferai bientôt un petit descriptif des choses a voir aux alentours: le Salar d’Uyuni, les mines de Potosi, la Cordillère des Andes (qui invite a de super treks), la foret amazonienne, La Paz, le lac Titicaca, les communautés indigènes… et puis moi bien sur, qui vous accueille a bras ouvert et vous promet une initiation en bonne et due forme aux coutumes boliviennes ainsi qu’une visite complète de la ville (et de ses bars).





Les enfants des quatre bibliotheques reunis devant le spectacle de clown de Lukas un volontaire argentin avec qui je vais monter un atelier marionnettes!



Allez, je m’arrête la! Con mucho cariño, que estén todos bien

Hasta la próxima

Marion


1 commentaire:

  1. Salut à toi Marioneta,

    Grâce à une écriture limpide et agréablissime, je me rappelle avec nostalgie de cette belle ville de Sucre et surtout de ces alentours: l'ancien pont-suspendu, le château semi abandonné à la sortie de la ville, la Chicha macerée à la salive... Que du bonheur 100%authentique. J'ai déjà trop envi de repartir.
    Tu penses aller en Amazonie? Ou quelques part d'autre?
    Connais-tu el Pastel Boliviano? T'en as peut-être déjà manger? Ma tante du nord de Chile (ancienne Bolivia) nous le prépare à chaque fois que l'on va là bas... et c'est tellement bon... Miam.

    Quoiqu'il en soit, merci pour tes récits et nous faire partager un peu de ton quotidien aventurescoboliviano.


    Au plaisir de te lire ...
    Ton exexcoloc, Jean-Mi.

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