jeudi 14 mai 2009

Petits bonheurs en cascade


Au moment ou je commence ce billet, nous sommes lundi, jour de l’atelier avec les mamas de Mesa Verde. Ici c’est a fin de l’après midi et ça me fait bizarre de penser que vous devez tous être en train de dormir (il y a six heures de décalage entre la France et la Bolivie)!

L’atelier de cet après midi mérite d’être raconté ! La semaine dernière, les mamans avaient émis le souhait de faire du « pollo al horno », c'est-à-dire du poulet au four. Coline et moi pensions faire un atelier « cakes », mais comme poulet plus cakes ne me semblait vraiment pas constituer un menu raisonnable (surtout en plein après midi), j’avais négocié avec les mamans de troquer l’atelier cakes contre un nouvel « atelier salades ». Mais cette fois ci il s’agissait de salades vertes, beaucoup moins consistantes que celles du premier atelier (a base de céréales). J’avais prévu quatre salades et pris quelques risques en faisant entrer des fruits dans la composition de deux d’entre elles. J’avais encore pris soin d’inclure dans chacune un ou deux ingrédients riches en protéines et en lipides, tant pour ne pas choquer les mamans que pour que cela reste équilibré. Les quatre salades s’intitulaient ananas/pamplemousse/avocat, pommes/noix/œufs, avocats/carottes/tomates/poulet et fromage/œufs/concombre.

Quand je suis arrivée, les mamans étaient déjà à l’œuvre : Elles avaient mis les cuisses de poulet a tremper dans une grande bassine avec du jus de citron de la sauce soja et de la moutarde. Une fois toutes les cuisses de poulet imbibées de sauce, elles les ont mis au four et se sont installées aux tables ou j’avais disposé les recettes et les ingrédients pour l’atelier. J’avais peur que mes salades ne les « convainquent pas », mais au contraire, elles se sont tout de suite montrées curieuses de tester mes mélanges et l’atelier s’est bien déroulé. Mais le plus beau restait a venir : une fois les salades prêtes nous avons enfin pu annoncer aux mamans que nous avions amené des photocopies des recettes des ateliers pour chacune d’entre elles !

Je crois qu’elles étaient vraiment contentes parce qu’elles se sont empressées d’aller chercher les recettes, que nous avions disposées en rang d’oignon afin que chacune compose son dossier. Je me suis postée en début de file afin d’inscrire le nom de chaque maman sur son dossier, d’abord parce qu’elles ne savent pas toutes bien écrire, ensuite parce que malgré le fait qu’on en soit déjà au 8eme atelier, je ne connaissais toujours pas leur nom a toutes ! Le plus drôle était de voir les mamas recompter scrupuleusement leurs recettes afin d’être sures de n’en avoir oublié aucune. Ensuite, elles sont venues chacune leur tour nous demander a Coline et a moi d’apposer nos signatures sur leur dossier. Pendant quelques minutes l’atelier a pris des airs de séances de dédicaces ! Je n’en revenais pas…

Ensuite, nous avons décidé de faire une photo de groupe ! Depuis le début des ateliers, les mamas tournaient la tête des qu’on s’approchait pour prendre des photos, mais cette semaine leur attitude a changée. Je pense que le fait d’avoir commencé a leur montrer chaque photo juste après l’avoir prise les a mis en confiance. En tout cas, si sur les premières photos de groupe les mamas paraissaient intimidées, après quelques cliches l’ambiance s’est détendu et des sourires sont apparus ! Je crois que c’est le plus bel atelier que nous ayons fait…

Pour parler d’autre chose que de nourriture, je vais vous raconter ce que nous avons fait le week-end dernier. Comme le week end précédent nous n’avions quasiment pas dormi « a cause » d’une fête électro qui s’était prolongée jusqu’au dimanche soir, cette semaine nous avions décidé de la jouer plus soft. Samedi les Charlotte et moi avons décidé d’aller camper aux « sept cascades », dont nous ne savions pas grand-chose a part que peu de gens parvenaient à les grimper toutes. Pas très rassurant : Juste avant de partir, Lukas, un argentin qui travaille avec nous, a commencé a nous raconter des anecdotes terrifiantes a propos de touristes ayant fini poignardés ou dépouillés alors qu’ils campaient aux cascades. Pour éviter que nous subissions le même sort, Lukas nous a conseille d’aller camper dans les cascades les plus hautes, difficiles d’accès en pleine nuit… Malgré ses conseils qui se voulaient rassurants, au sortir de chez lui aucune de nous n’étaient très a l’aise. Mais nous sommes parties quand même.

Une fois sur le site, pensant que les cascades devaient se trouver en amont de la montagne, nous avons entrepris de remonter un petit ruisseau rencontré en contrebas. Comme nous n’avions pas vu qu’un chemin longeait le ruisseau, nous escaladions chaque cascade comme nous pouvions. Elles avaient beau ne pas être bien grandes, avec nos sacs de couchage, la tente, plus nos sacs de voyage et de provision pour le week end, nous ne faisions pas les fières. Arrivées a la troisième cascade, nous avons rencontré trois allemands qui nous ont aide a hisser les sacs de cascade en cascade. Et quelle ne fut pas notre surprise en tombant a la quatrième cascade sur un groupe de jeunes boliviens en train de faire une parrillada (gros barbecue) au bord de la cascade. En fait il existait un autre chemin pour accéder aux cascades, beaucoup moins périlleux que celui que nous avions emprunté, et qui permettait d’accéder directement a la quatrième…



J’ai eu beau tenter plusieurs fois l’ascension de la quatrième cascade, elle était vraiment trop dangereuse pour que nous l’escaladions avec nos sacs, et comme le sol de pierre de la troisième cascade ne permettait pas de planter la tente, nous avons du rebrousser chemin. Alors que la lumière du jour commençait à décliner, les boliviens qui avaient terminé leur parrillada et s’apprêtaient a remonter a Sucre en voiture, nous ont montré du doigt ou était le seul hôtel du coin : de l’autre cote de la vallée (pas trop grosse heureusement). Apres une bonne demi heure de marche, nous sommes arrivées devant une sorte d’hacienda aux allures de citadelle, avec mini remparts et joli pont d’accès. C’est le jardinier qui nous a reçu et, a notre plus grand bonheur, nous a laissé camper sur les pelouses de l’hôtel pour 10 « bolos » (environ 1€) chacune. Nous avions quelques provisions et de quoi prendre l’apéro, accès a des toilettes et des lavabos, et même de la lumière au dessus de la tente… que demander de plus ? Et puis nous étions tellement fatiguées qu’à 22h nous dormions toutes comme des bébés ! Le lendemain matin il a fallu remarcher une bonne heure avant d’atteindre le village ou nous avons repris le bus a la mi journée. Nos discussions avec le jardinier nous ont confirmé que nus avions bien fait de ne pas dormir aux cascades : plusieurs touristes s’étaient fait racketté appareils photos, argent et jusqu'à leur vêtement la semaine précédent notre venue ! Les sept cascades paraissent être un guet-apens parfait pour les touristes !

Le dimanche soir, Mickael (mon coloc) et moi sommes allés à un concert de rock folklorique. C’était super. Le groupe jouait sur une petite scène installée en plein milieu d’une route (qu’ils ont heureusement fini par couper à la circulation). Les boliviens dansaient en farandoles et buvaient du « thé au singani » (un alcool fort et pas très cher similaire au pisco chilien, qui se boit le plus souvent avec du schweppes mais s’est révélé délicieux mélangé au thé a la cannelle). Et puis le groupe, qui venait de la Paz, etait bon. En fait par rock folklorique il fallait comprendre « musique traditionnelle revisitée ». Les instruments traditionnels (quena, charango, zampoña) étaient accompagnés par deux guitares électriques, et avec ça rendait vraiment bien !

Cette semaine a passé comme une flèche. La journée, quand je ne suis pas dans les bibliothèques, je prépare mes ateliers. D’ailleurs grande nouvelle : Aujourd’hui est né « Eva la maracuya », un fruit monté sur trois pattes, réalisé avec du papier mâché, du fil de fer et un ballon. Mon atelier légumes et fruits des Andes en papier mâché va bientôt pouvoir commencer ! J’anime également deux minis ateliers : l’un de réalisation d’un sept familles des aliments, l’autre de fabrication de pots pour la cuisine de Villa Armonia ! Ajoutés à l’atelier « cuisine » avec les mamans de Mesa Verde et « petit déjeuner équilibré » avec les enfants de Villa Armonia… ça fait vraiment pas mal ! Les enfants, timides au départ, nous connaissent désormais mieux et sont souvent impatients de savoir ce qu’on a apporté.

Deux soirs par semaine, j’accompagne les charlottes à des cours d’aérobic, dans un gymnase du centre. Les machines sont vieilles, les murs recouverts de posters d’hommes bodybuildés qui font vraiment peur, les steps sont en bois et nous sommes un peu les unes sur les autres, mais la professeur est super dynamique et l’ambiance est chaleureuse, et puis ça fait du bien de se défouler ! Pour les cours de quena, j’ai un peu abandonné pour le moment, mais compte m’y remettre dans les prochains jours ! Mais pourquoi les journées ne durent-elles que 24h… ?

Des bisous, hasta la vista y cuidense mucho

Marion

1 commentaire:

  1. Super, super!
    Ça fait quand même plaisir de pouvoir lire ce que tu fais...c'est passionnant!
    Merci pour ton super site...pas encore tout lu mais bon...on fais skon peut!
    Mwa! Smack! Tchuss! Ciao!
    C.

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