Maman, Claudine et Pascale (les deux amies qui l'accompagnaient dans son voyage) sont arrivées a Sucre samedi 4 juillet au matin, fatiguées mais contentes : leur voyage en avion et leur nuit a Santa Cruz s'étaient bien passés.
Le lendemain de leur arrivée nous avions prévu d'aller au fameux marché de Tarabuco. Apres 1h30 de bus au milieu de magnifiques vallées, nous sommes donc arrivés a Tarabuco, petit village célebre avant tout pour son marché du dimanche ou les tarabucos viennent vendre leurs textiles et autres pieces d'artisanat. Les Tarabucos, et les habitants des villages Jallkas en general, sont réputés pour leurs textiles. La realisation d'une etoffe prend souvent plusieurs mois et demande une patience dementielle. Les indiens tissent sur leurs metiers traditionnels. Ils accrochent a la verticale des centaines de fils entre lesquels ils passent ensuite d'autres fils, en prenant soin de passer au dessus ou en dessous des fils verticaux selon la couleur qu'ils veulent obtenir (pas facile a expliquer, desolée...). Ils tissent avec de la laine de chevre, de llama, ou d'alpaga. Un vrai travail de fourmi.
Les tissus typiques des tarabuqueños sont rouges et noirs et représentent des creatures du sous-sol, imaginaires ou inspirées de la réalité. J'ai profité de ce dimanche de shopping a Tarabuco pour acheter quelques tissus : j'ai hate de vous les montrer!
La semaine suivante, comme je n'avais pas pu passer beaucoup de temps avec mamans et ses amies au début de la semaine a cause de mes ateliers, j'ai pris mon jeudi et mon vendredi afin de les accompagner a Potosi. A notre arrivée la bas le jeudi soir, nous avons eu de la chance : la premiere agence a proposer la visite des mines dans laquelle nous sommes entrées nous a convaincu. On nous a proposé un guide en francais et un tarif special pour Claudine et maman qui ne voulaient pas entrer dans la mine (et se sont contentées d'une visite extérieure).
Jose Luis, notre guide, un bolivien au niveau de francais remarquable (surtout pour quelqu'un l'ayant appris tout seul), a été irréprochable! Il nous a d'abord emmené au “marché des mineurs”, ou ces derniers achetent les produits qui leur permettront de tenir toute la journée au fond de la mine : des feuilles de coca, de l'alcool a 96°, du soda, des cigarettes... et des batons de dynamite! Les mineurs achetent egalement un bout de “catalyseur”, pate qu'ils melangent aux feuilles de coca dans leur bouche, pour leur donner plus de gout et faciliter l'absorption de leur jus. Les catalyseurs sont fabriqués a partir de cendres de farine de quinoa, ou encore de mais. Il existe différentes saveurs selon ce qu'on y ajoute : pomme de terre, anis, banane... En ce qui me concerne, je prefere macher la feuille de coca “nature” (mais qui a dit que la coca seule avait mauvais gout?), peut etre n'ai-je simplement pas envore trouvé le catalyseur de mes reves.
Une fois les cadeaux pour les mineurs achetés (de la dynamite et du soda), Pascale et moi sommes allées enfiler notre combinaison de mineur: bottes en caoutchouc, pantalon et veste jaune en plastique, ainsi qu'un casque et une lampe frontale. A Potosi les touristes qui visitent les mines semblent tout droit sortis de Germinal! Ils deambulent au milieu de vrais mineurs en plein travail dans un accoutrement de touriste un peu ridicule (mais, il faut le dire, bien utile une fois dans la mine). J'ai eu beau faire comme si j'etais a l'aise, passée la porte du vestiaire, le choc avec le dehors fut rude.
Ensuite, nous avons pris la route du Cerro Rico, la montagne dont les precieux minerais ont fait la renommée de Potosi. Il a beau culminer a 4800 metres, depuis le début de son exploitation, il y a 400ans, le cerro s'est afaissé d'au moins 200 metres. Neanmoins, aujourd'hui l'activité miniere est nettement inferieure a ce qu'elle a pu etre dans le passé, quand la montagne regorgeait d'argent et d'etain. Aujourd'hui, le cerro rico n'est plus guere exploité que pour son zinc, qui constitue 80% du minerai extrait.
Claudine et maman sont restées a l'exterieur de la mine pendant que Pascale et moi suivions Jose Luis dans les galleries etroites, boueueses et sombres du cerro. De ma premiere visite des mines, il y a quelques années, j'avais gardé un souvenir particulierement eprouvant. Avec Caroline, nous étions descendues plusieurs niveaux sous terre, jusqu'aux galleries les plus chaudes. Il etait difficile de respirer, il faisait noir, il fallait se jeter contre les murs chaque fois qu'un wagonnet passait, on se cognait sans arret au plafond... je me souviens surtout que passées les premieres minutes, je ne pensais qu'a une chose : retrouver l'air libre! Cette fois ci la visite a été plus “soft”car nous sommes restés au niveau auquel nous étions entrés et n'avons passé qu'une heure a l'interieur. Pascale, pas tres rassurée au depart, n'a pas regretté d'etre venu : nous avons pu discuter avec les mineurs et Jose Luis a répondu a toutes nos questions
Voila, en vrac, les quelques données que j'ai retenues :
Aujourd'hui la population de Potosi s'eleve a 150 000 habitants. L'an dernier, 15000 mineurs travaillaient dans les mines, c'est a dire un dizieme de la population de la ville. Cette année, les filons se sont rarefiés et les mineurs en activité ne sont plus que 4500. Des 10 000 autres, beaucoup se sont reconvertis dans le batiment, parfois definitivement, parfois en attendant qu'on leur donne un nouveau filon a exploiter (chaque mineur suit un filon jusqu'à ce qu'il s'epuise (le filon hein...quoique le mineur aussi... la moyenne d'age des mineurs est de 55 ans))!
Les mineurs appartiennent tous a une cooperative, laquelle répartit les filons entre ses affiliés, fixe (selon la taille du filon?) la durée des contrats et détermine le prix de vente du minerai aux entreprises de raffinage. L'affiliation a une cooperative coute au mineur entre 600 et 700 dollars! Tout nouveau mineur doit donc investir un capital de départ, puis s'acheter son materiel et ses outils de base (burin, marteau, lampe, uniforme, bottes...).
Avant que les cooperatives soient l'unique administrateur du travail dans la mine, il y avait des mineurs d'Etat. Mais en 1985, quand le minerai commencait vraiment a se faire rare, de nombreuses mines ont fermées, et tous les mineurs d'Etat ont ete remerciés. Quand l'activité a repris, c'est le systeme des cooperatives qui a predominé.
Potosi a été fondée en 1545, apres que les espagnols aient decouvert le Cerro Rico et son argent. Les veines d'argent etaient d'une qualité telle que les mines de Potosi n'ont pas tardé a devenir les plus productives du monde. Elles furent la principale source de richesse de l'Empire espagnol pendant plus de deux siecles, jusqu'a leur déclin.
Malgré sa situation geographique difficile (pas facile de vivre si haut, a cause du froid, du manque d'oxygene, de l'aridité des sols...), la ville s'est developpée pour se convertir a la fin du 18eme siecle en la ville la plus grande d'Amérique Latine, et en une des plus riches. Mais le declin ne tarda pas : des le debut du 19eme siecle, la production d'argent se mit a chuter. C'est ensuite grace a l'extraction de l'etain que l'activité miniere s'est maintenue. Aujourd'hui, c'est surtout grace au zinc que les mines continuent de fonctionner. Neanmoins, il est important de se rappeler que 90% de l'argent de l'Empire pendant la colonie provenait de Potosi!
Aujourd'hui, a la difference des anciennes mines d'Etat ou les mineurs beneficiaent d'outils un peu plus modernes, les mines gérées par les cooperatives continuent de fonctionner comme au temps de la colonie. Chaque mineur extrait le minerai a la main, avec des outils rudimentaires (burin et marteau principalement). Le forage des gallerie depend de l'orientation des nouvelles veines, que les mineurs suivent jusqu'a en avoir extrait tout le minerai. Ce mode d'exploitation explique l'aspect labyrinthique de l'intérieur de la mine. L'unique “ordre” se réfere aux niveaux ou étages. Le Cerro rico mesurant plus de 500 metres de hauteur, il existe énormement d'entrées (200 selon Jose Luis), situées a des altitudes differentes. Les galleries et puits ne sont soutenus que par des poutres de bois, et les principaux accidents dans la mine sont causés par les eboulements (pas de gaz inflammable a Potosi, donc pas de rique de grisou, ouf!).
Les mineurs travaillent de 10 a 12 heures par jour en moyenne et gagnent entre 1000 et 1800 bolivianos par mois (entre 100 et 180€).
Voila pour les infos de base. Je ne m'etend pas sur la periode de la colonie et le travail forcé des indiens (morts par dizaines de milliers dans les mines) : ceux que ca interesse trouveront facilement des informations sur internet (ou m'enverront leurs questions)!
Apres la visite des mines, nous sommes allées nous reposer, manger, puis vers 17h j'ai repris le bus pour Sucre ou m'attendait un week end bien chargé. A l'occasion de l'anniversaire de Coline et Charlotte, nous avions organisé une fete a l'appartement. Malgré ma “tarte a la banane” ratée et ma motivation en berne, la soirée a été plutot réussie. Felix, un chilien passionné de musique, est venu a la maison avec sa guitare et a joué une bonne partie de la nuit. J'ai donc une fois de plus « fait mon autiste » en passant une bonne partie de la soirée a l'écouter jouer... et j 'en ai profité pour inaugurer un petit bracelet-musical que j'avais acheté a Tarabuco une semaine plus tot. Il est orné de sabots de chevre qui s'entrechoquent quand on agite le poignet! C'est genial pour battre le rythme sans que ca s'entende de trop...
Le mardi et le mercredi qui suivaient, nous avions décidé d’organiser une feria Educativa a la casa de la cultura, afin, entre autre, que Coline et Charlotte qui vont bientôt partir, présentent le résultat de leurs ateliers. Tout s’est hyper bien passé ! Voila un petit article que j’ai ecrit pour le site d’Ayni ou je raconte l’événement ! :
Feria réussie pour Ayni
Pendant deux jours, la casa de la Cultura s’est remplie d’enfants, de parents, ou encore de badauds, curieux de découvrir les activités de l’association. Tous ont eu l’opportunité de participer aux jeux d’Ayni, de tester les derniers jeu crées par les volontaires, de découvrir les travaux manuels réalisés par les enfants ou encore de goûter aux plats préparés par les mamans de Mesa Verde. C’était aussi l’occasion pour chaque volontaire de présenter les résultats de ses ateliers, et pour les enfants et les mamans de découvrir l’étendu du travail réalisé ces derniers mois!
Le patio suffisait tout juste à accueillir l’événement. Les stands étaient disposés tout autour de la cours et les volontaires répartis entre eux selon leur activité.
Postées a l’entrée, Nelly et Elodie (quand elles n’étaient pas occupées a répondre aux journalistes) accueillaient les visiteurs et faisaient découvrir les jeux didactiques crées par Ayni : la lota, el 4x4, el tangram…
Un peu plus loin, Assia, Mickael, Zulma et Melby faisaient visiter l’exposition des travaux manuels réalisés avec les enfants. Des bandes dessinées d’Assia aux fleurs-recyclables de Mickael en passant par les objets en papier de Zulma et les céramiques de Melby, les œuvres s’étalaient sur pas moins de six tables !
Les tables suivantes accueillaient l’atelier de cuisine et vente de nourriture de Coline et Marion. Le matin, des 10h, les enfants de Sica Sica et Villa Armonia étaient sur place pour cuisiner et vendre ce qu’ils avaient préparé. Pour leur plus grand bonheur, galletas et crumbles ont remporté un franc succès ! L’après midi, les apprentis cuisiniers devaient laisser la place aux mamans de Mesa Verde, qui avaient décidé de préparer seules certains des plats découverts pendant les ateliers. Elles s’en sont sorties a merveille puisque de l’api, des beignets au fromage, des gratins de chou-fleur, des gâteaux aux yaourt, des salade de fruit et des pizzas… il n’est rien resté ! Tout en dégustant leur plat, les visiteurs pouvaient meme découvrir les secrets de cuisine des mamans en jetant un œil sur le livre de recette et les photos de l’atelier.
A quelques mètres, de drôles de fruits et legumes montés sur pattes attendaient sagement les visiteurs. Avec leurs grands yeux et leurs couleurs bariolées, les sculptures de végétaux attiraient les regards. Les plus curieux pouvaient meme s’approcher afin de découvrir les noms des végétaux et leurs histoires: Mika la papa, Rodrigo le pepino, Johnny le mani…
Juste a coté, Géraldine avait disposé sur le sol des couvertures, des coussins etttt… des tas de jeux de société. Le coin ludothèque a immédiatement été pris d’assaut par les enfants qui ont passé plusieurs heures en compagnie de Géraldine et Charlotte.C à enchaîner parties de cartes et jeux de plateau.
Sur la grande table qui suivait, Magali et Charlotte R faisaient découvrir aux enfants (et leurs parents) les jeux didactiques d’Ayni. Tandis que les uns s’échinaient a résoudre le plus vite possible les opérations du 4x4, les autres se concentraient pour retenir l’emplacement des cartes du « Memory de Bolivie ».
Pendant ce temps, quelques tables plus loin, Coline enchaînait les parties du « sept familles des neufs départements de Bolivie ». Dans la version du jeu inventé par Ayni, chaque famille correspond à un département, avec sa danse, son écusson, sa spécialité culinaire, son drapeau, sa fête anniversaire et son animal emblématique !
Les deux jours ont été ponctués par les spectacles de marionnettes de Lukas, dont les précieux talents de clown ont une fois de plus fait rire aux éclats les enfants.
Mercredi soir, quand la nuit s’est mise à tomber, c’est que le moment était venu de clore la feria et de tout démonter. Aussitôt dit aussitôt fait : un verre de cidre a la main, Nelly a remercié tout les participants puis a trinqué a la réussite de la feria… et de celles qui suivront !
En ce qui me concerne, cette feria m'a permis de faire le bilan de mes trois premiers mois de volontariat. Malgré le sentiment de manquer de temps pour préparer autant que je voudrais mes ateliers ( notamment les interventions theoriques aupres des mamans), je suis quand meme tres contente. La meilleure preuve du succes de mes ateliers a été la motivation des mamans pendant la feria. Un peu paniquée lundi a l’idée de devoir cuisiner seules des plats qu’elles n’avaient vu faire qu’une seule fois, elles s’en sont tirées a merveille. Je ne sais pas encore si elles ont récolté beaucoup d’argent, mais elles n'en ont pas perdu, c’est le principal !
Quant a mes autres ateliers, apres plusieurs jours a stresser de ne pas finir a temps les vegetaux en papier mache que j'avais commencé avec les enfants d'Urkupima, quel soulagement de les voir exposées! Tout le monde les a trouvé plutot reussis... et moi aussi!
A present, je reflechis a de nouveaux ateliers pour le mois de septembre. Histoire de ne pas faire que des ateliers de cuisine, j'aimerai mettre en place un atelier de macramé (realisation de bracelet, collier, et autres bijoux en fils) avec les enfants. Il va falloir que je me forme avant... mais je suis motivée! Je voudrais aussi commencer un atelier patisserie avec les adolescents d'Urkupiña, des jeunes en plein dans l'age rebelle, pas toujours facile a gerer, mais plein d'entrain quand on leur propose des activités. A part les camps de ski, je n'ai jamais mené d'atelier avec des ados... c'est l'occasion ou jamais d'essayer!
Et d'ici septembre, quoi de prévu? Les quinze premiers jours d'aout vont etre consacrés a mon projet de retour en France (qui consiste en l'organisation d'un petit festival sur le theme de la Bolivie, avec expo de photos, projection de documentaires et organisation d'un concert de musique bolivienne a Lille). Charlotte et moi en sommes encore au stade de redaction du dossier du projet... mais ca prend forme! Je vous en parlerai plus en detail dans le prochain billet...
Ensuite, je prend des vacances! J'ai posé les quinze derniers jours d'aout pour partir enfin a la decouverte du Chili, un vieux reve... Charlotte et Charlotte seront du voyage, ainsi que Marie qui vient d'arriver en Amerique latine. Nous projetons de descendre la panamericaine jusqu'a Santiago en voiture de location... un road trip plus que prometteur!
Voili voilou pour les nouvelles! Je vous embrasse tous fort.
A bientot
Chao
Marion
Le lendemain de leur arrivée nous avions prévu d'aller au fameux marché de Tarabuco. Apres 1h30 de bus au milieu de magnifiques vallées, nous sommes donc arrivés a Tarabuco, petit village célebre avant tout pour son marché du dimanche ou les tarabucos viennent vendre leurs textiles et autres pieces d'artisanat. Les Tarabucos, et les habitants des villages Jallkas en general, sont réputés pour leurs textiles. La realisation d'une etoffe prend souvent plusieurs mois et demande une patience dementielle. Les indiens tissent sur leurs metiers traditionnels. Ils accrochent a la verticale des centaines de fils entre lesquels ils passent ensuite d'autres fils, en prenant soin de passer au dessus ou en dessous des fils verticaux selon la couleur qu'ils veulent obtenir (pas facile a expliquer, desolée...). Ils tissent avec de la laine de chevre, de llama, ou d'alpaga. Un vrai travail de fourmi.
Les tissus typiques des tarabuqueños sont rouges et noirs et représentent des creatures du sous-sol, imaginaires ou inspirées de la réalité. J'ai profité de ce dimanche de shopping a Tarabuco pour acheter quelques tissus : j'ai hate de vous les montrer!
La semaine suivante, comme je n'avais pas pu passer beaucoup de temps avec mamans et ses amies au début de la semaine a cause de mes ateliers, j'ai pris mon jeudi et mon vendredi afin de les accompagner a Potosi. A notre arrivée la bas le jeudi soir, nous avons eu de la chance : la premiere agence a proposer la visite des mines dans laquelle nous sommes entrées nous a convaincu. On nous a proposé un guide en francais et un tarif special pour Claudine et maman qui ne voulaient pas entrer dans la mine (et se sont contentées d'une visite extérieure).
Jose Luis, notre guide, un bolivien au niveau de francais remarquable (surtout pour quelqu'un l'ayant appris tout seul), a été irréprochable! Il nous a d'abord emmené au “marché des mineurs”, ou ces derniers achetent les produits qui leur permettront de tenir toute la journée au fond de la mine : des feuilles de coca, de l'alcool a 96°, du soda, des cigarettes... et des batons de dynamite! Les mineurs achetent egalement un bout de “catalyseur”, pate qu'ils melangent aux feuilles de coca dans leur bouche, pour leur donner plus de gout et faciliter l'absorption de leur jus. Les catalyseurs sont fabriqués a partir de cendres de farine de quinoa, ou encore de mais. Il existe différentes saveurs selon ce qu'on y ajoute : pomme de terre, anis, banane... En ce qui me concerne, je prefere macher la feuille de coca “nature” (mais qui a dit que la coca seule avait mauvais gout?), peut etre n'ai-je simplement pas envore trouvé le catalyseur de mes reves.
Une fois les cadeaux pour les mineurs achetés (de la dynamite et du soda), Pascale et moi sommes allées enfiler notre combinaison de mineur: bottes en caoutchouc, pantalon et veste jaune en plastique, ainsi qu'un casque et une lampe frontale. A Potosi les touristes qui visitent les mines semblent tout droit sortis de Germinal! Ils deambulent au milieu de vrais mineurs en plein travail dans un accoutrement de touriste un peu ridicule (mais, il faut le dire, bien utile une fois dans la mine). J'ai eu beau faire comme si j'etais a l'aise, passée la porte du vestiaire, le choc avec le dehors fut rude.
Ensuite, nous avons pris la route du Cerro Rico, la montagne dont les precieux minerais ont fait la renommée de Potosi. Il a beau culminer a 4800 metres, depuis le début de son exploitation, il y a 400ans, le cerro s'est afaissé d'au moins 200 metres. Neanmoins, aujourd'hui l'activité miniere est nettement inferieure a ce qu'elle a pu etre dans le passé, quand la montagne regorgeait d'argent et d'etain. Aujourd'hui, le cerro rico n'est plus guere exploité que pour son zinc, qui constitue 80% du minerai extrait.
Claudine et maman sont restées a l'exterieur de la mine pendant que Pascale et moi suivions Jose Luis dans les galleries etroites, boueueses et sombres du cerro. De ma premiere visite des mines, il y a quelques années, j'avais gardé un souvenir particulierement eprouvant. Avec Caroline, nous étions descendues plusieurs niveaux sous terre, jusqu'aux galleries les plus chaudes. Il etait difficile de respirer, il faisait noir, il fallait se jeter contre les murs chaque fois qu'un wagonnet passait, on se cognait sans arret au plafond... je me souviens surtout que passées les premieres minutes, je ne pensais qu'a une chose : retrouver l'air libre! Cette fois ci la visite a été plus “soft”car nous sommes restés au niveau auquel nous étions entrés et n'avons passé qu'une heure a l'interieur. Pascale, pas tres rassurée au depart, n'a pas regretté d'etre venu : nous avons pu discuter avec les mineurs et Jose Luis a répondu a toutes nos questions
Voila, en vrac, les quelques données que j'ai retenues :
Aujourd'hui la population de Potosi s'eleve a 150 000 habitants. L'an dernier, 15000 mineurs travaillaient dans les mines, c'est a dire un dizieme de la population de la ville. Cette année, les filons se sont rarefiés et les mineurs en activité ne sont plus que 4500. Des 10 000 autres, beaucoup se sont reconvertis dans le batiment, parfois definitivement, parfois en attendant qu'on leur donne un nouveau filon a exploiter (chaque mineur suit un filon jusqu'à ce qu'il s'epuise (le filon hein...quoique le mineur aussi... la moyenne d'age des mineurs est de 55 ans))!
Les mineurs appartiennent tous a une cooperative, laquelle répartit les filons entre ses affiliés, fixe (selon la taille du filon?) la durée des contrats et détermine le prix de vente du minerai aux entreprises de raffinage. L'affiliation a une cooperative coute au mineur entre 600 et 700 dollars! Tout nouveau mineur doit donc investir un capital de départ, puis s'acheter son materiel et ses outils de base (burin, marteau, lampe, uniforme, bottes...).
Avant que les cooperatives soient l'unique administrateur du travail dans la mine, il y avait des mineurs d'Etat. Mais en 1985, quand le minerai commencait vraiment a se faire rare, de nombreuses mines ont fermées, et tous les mineurs d'Etat ont ete remerciés. Quand l'activité a repris, c'est le systeme des cooperatives qui a predominé.
Potosi a été fondée en 1545, apres que les espagnols aient decouvert le Cerro Rico et son argent. Les veines d'argent etaient d'une qualité telle que les mines de Potosi n'ont pas tardé a devenir les plus productives du monde. Elles furent la principale source de richesse de l'Empire espagnol pendant plus de deux siecles, jusqu'a leur déclin.
Malgré sa situation geographique difficile (pas facile de vivre si haut, a cause du froid, du manque d'oxygene, de l'aridité des sols...), la ville s'est developpée pour se convertir a la fin du 18eme siecle en la ville la plus grande d'Amérique Latine, et en une des plus riches. Mais le declin ne tarda pas : des le debut du 19eme siecle, la production d'argent se mit a chuter. C'est ensuite grace a l'extraction de l'etain que l'activité miniere s'est maintenue. Aujourd'hui, c'est surtout grace au zinc que les mines continuent de fonctionner. Neanmoins, il est important de se rappeler que 90% de l'argent de l'Empire pendant la colonie provenait de Potosi!
Aujourd'hui, a la difference des anciennes mines d'Etat ou les mineurs beneficiaent d'outils un peu plus modernes, les mines gérées par les cooperatives continuent de fonctionner comme au temps de la colonie. Chaque mineur extrait le minerai a la main, avec des outils rudimentaires (burin et marteau principalement). Le forage des gallerie depend de l'orientation des nouvelles veines, que les mineurs suivent jusqu'a en avoir extrait tout le minerai. Ce mode d'exploitation explique l'aspect labyrinthique de l'intérieur de la mine. L'unique “ordre” se réfere aux niveaux ou étages. Le Cerro rico mesurant plus de 500 metres de hauteur, il existe énormement d'entrées (200 selon Jose Luis), situées a des altitudes differentes. Les galleries et puits ne sont soutenus que par des poutres de bois, et les principaux accidents dans la mine sont causés par les eboulements (pas de gaz inflammable a Potosi, donc pas de rique de grisou, ouf!).
Les mineurs travaillent de 10 a 12 heures par jour en moyenne et gagnent entre 1000 et 1800 bolivianos par mois (entre 100 et 180€).
Voila pour les infos de base. Je ne m'etend pas sur la periode de la colonie et le travail forcé des indiens (morts par dizaines de milliers dans les mines) : ceux que ca interesse trouveront facilement des informations sur internet (ou m'enverront leurs questions)!
Apres la visite des mines, nous sommes allées nous reposer, manger, puis vers 17h j'ai repris le bus pour Sucre ou m'attendait un week end bien chargé. A l'occasion de l'anniversaire de Coline et Charlotte, nous avions organisé une fete a l'appartement. Malgré ma “tarte a la banane” ratée et ma motivation en berne, la soirée a été plutot réussie. Felix, un chilien passionné de musique, est venu a la maison avec sa guitare et a joué une bonne partie de la nuit. J'ai donc une fois de plus « fait mon autiste » en passant une bonne partie de la soirée a l'écouter jouer... et j 'en ai profité pour inaugurer un petit bracelet-musical que j'avais acheté a Tarabuco une semaine plus tot. Il est orné de sabots de chevre qui s'entrechoquent quand on agite le poignet! C'est genial pour battre le rythme sans que ca s'entende de trop...
Le mardi et le mercredi qui suivaient, nous avions décidé d’organiser une feria Educativa a la casa de la cultura, afin, entre autre, que Coline et Charlotte qui vont bientôt partir, présentent le résultat de leurs ateliers. Tout s’est hyper bien passé ! Voila un petit article que j’ai ecrit pour le site d’Ayni ou je raconte l’événement ! :
Feria réussie pour Ayni
Pendant deux jours, la casa de la Cultura s’est remplie d’enfants, de parents, ou encore de badauds, curieux de découvrir les activités de l’association. Tous ont eu l’opportunité de participer aux jeux d’Ayni, de tester les derniers jeu crées par les volontaires, de découvrir les travaux manuels réalisés par les enfants ou encore de goûter aux plats préparés par les mamans de Mesa Verde. C’était aussi l’occasion pour chaque volontaire de présenter les résultats de ses ateliers, et pour les enfants et les mamans de découvrir l’étendu du travail réalisé ces derniers mois!
Le patio suffisait tout juste à accueillir l’événement. Les stands étaient disposés tout autour de la cours et les volontaires répartis entre eux selon leur activité.
Postées a l’entrée, Nelly et Elodie (quand elles n’étaient pas occupées a répondre aux journalistes) accueillaient les visiteurs et faisaient découvrir les jeux didactiques crées par Ayni : la lota, el 4x4, el tangram…
Un peu plus loin, Assia, Mickael, Zulma et Melby faisaient visiter l’exposition des travaux manuels réalisés avec les enfants. Des bandes dessinées d’Assia aux fleurs-recyclables de Mickael en passant par les objets en papier de Zulma et les céramiques de Melby, les œuvres s’étalaient sur pas moins de six tables !
Les tables suivantes accueillaient l’atelier de cuisine et vente de nourriture de Coline et Marion. Le matin, des 10h, les enfants de Sica Sica et Villa Armonia étaient sur place pour cuisiner et vendre ce qu’ils avaient préparé. Pour leur plus grand bonheur, galletas et crumbles ont remporté un franc succès ! L’après midi, les apprentis cuisiniers devaient laisser la place aux mamans de Mesa Verde, qui avaient décidé de préparer seules certains des plats découverts pendant les ateliers. Elles s’en sont sorties a merveille puisque de l’api, des beignets au fromage, des gratins de chou-fleur, des gâteaux aux yaourt, des salade de fruit et des pizzas… il n’est rien resté ! Tout en dégustant leur plat, les visiteurs pouvaient meme découvrir les secrets de cuisine des mamans en jetant un œil sur le livre de recette et les photos de l’atelier.
A quelques mètres, de drôles de fruits et legumes montés sur pattes attendaient sagement les visiteurs. Avec leurs grands yeux et leurs couleurs bariolées, les sculptures de végétaux attiraient les regards. Les plus curieux pouvaient meme s’approcher afin de découvrir les noms des végétaux et leurs histoires: Mika la papa, Rodrigo le pepino, Johnny le mani…
Juste a coté, Géraldine avait disposé sur le sol des couvertures, des coussins etttt… des tas de jeux de société. Le coin ludothèque a immédiatement été pris d’assaut par les enfants qui ont passé plusieurs heures en compagnie de Géraldine et Charlotte.C à enchaîner parties de cartes et jeux de plateau.
Sur la grande table qui suivait, Magali et Charlotte R faisaient découvrir aux enfants (et leurs parents) les jeux didactiques d’Ayni. Tandis que les uns s’échinaient a résoudre le plus vite possible les opérations du 4x4, les autres se concentraient pour retenir l’emplacement des cartes du « Memory de Bolivie ».
Pendant ce temps, quelques tables plus loin, Coline enchaînait les parties du « sept familles des neufs départements de Bolivie ». Dans la version du jeu inventé par Ayni, chaque famille correspond à un département, avec sa danse, son écusson, sa spécialité culinaire, son drapeau, sa fête anniversaire et son animal emblématique !
Les deux jours ont été ponctués par les spectacles de marionnettes de Lukas, dont les précieux talents de clown ont une fois de plus fait rire aux éclats les enfants.
Mercredi soir, quand la nuit s’est mise à tomber, c’est que le moment était venu de clore la feria et de tout démonter. Aussitôt dit aussitôt fait : un verre de cidre a la main, Nelly a remercié tout les participants puis a trinqué a la réussite de la feria… et de celles qui suivront !
En ce qui me concerne, cette feria m'a permis de faire le bilan de mes trois premiers mois de volontariat. Malgré le sentiment de manquer de temps pour préparer autant que je voudrais mes ateliers ( notamment les interventions theoriques aupres des mamans), je suis quand meme tres contente. La meilleure preuve du succes de mes ateliers a été la motivation des mamans pendant la feria. Un peu paniquée lundi a l’idée de devoir cuisiner seules des plats qu’elles n’avaient vu faire qu’une seule fois, elles s’en sont tirées a merveille. Je ne sais pas encore si elles ont récolté beaucoup d’argent, mais elles n'en ont pas perdu, c’est le principal !
Quant a mes autres ateliers, apres plusieurs jours a stresser de ne pas finir a temps les vegetaux en papier mache que j'avais commencé avec les enfants d'Urkupima, quel soulagement de les voir exposées! Tout le monde les a trouvé plutot reussis... et moi aussi!
A present, je reflechis a de nouveaux ateliers pour le mois de septembre. Histoire de ne pas faire que des ateliers de cuisine, j'aimerai mettre en place un atelier de macramé (realisation de bracelet, collier, et autres bijoux en fils) avec les enfants. Il va falloir que je me forme avant... mais je suis motivée! Je voudrais aussi commencer un atelier patisserie avec les adolescents d'Urkupiña, des jeunes en plein dans l'age rebelle, pas toujours facile a gerer, mais plein d'entrain quand on leur propose des activités. A part les camps de ski, je n'ai jamais mené d'atelier avec des ados... c'est l'occasion ou jamais d'essayer!
Et d'ici septembre, quoi de prévu? Les quinze premiers jours d'aout vont etre consacrés a mon projet de retour en France (qui consiste en l'organisation d'un petit festival sur le theme de la Bolivie, avec expo de photos, projection de documentaires et organisation d'un concert de musique bolivienne a Lille). Charlotte et moi en sommes encore au stade de redaction du dossier du projet... mais ca prend forme! Je vous en parlerai plus en detail dans le prochain billet...
Ensuite, je prend des vacances! J'ai posé les quinze derniers jours d'aout pour partir enfin a la decouverte du Chili, un vieux reve... Charlotte et Charlotte seront du voyage, ainsi que Marie qui vient d'arriver en Amerique latine. Nous projetons de descendre la panamericaine jusqu'a Santiago en voiture de location... un road trip plus que prometteur!
Voili voilou pour les nouvelles! Je vous embrasse tous fort.
A bientot
Chao
Marion
salut marion, cest antoine, je debarque demain a sucre , peux tu me filer ton adresse ou tel par sms histoire qu´on se trouve la bas. j´y serai en fin daprem/debut de soiree. je t´ai envoye mon num de tel via un message facebook (qui est d´une certaine caroline, car je n´ai pas encore de compte la bas :)
RépondreSupprimermerci et a demain sans doute !
eh bien voilà Marion nous sommes atteris en France hier matin
RépondreSupprimerquel voyage extraordinaire qui n ' etait pas vraiment des vacances mais la decouverte d ' un pays dont je n ' avais qu une connaissance tres approximative avant la proposition de M Christine d ' aller de faire un coucou
tout s ' est passé au mieux pour nous 3
merci d ' avoir passé du temps avec nous et c ' etait un vrai plaisir de t avoir avec nous
ton enthousiasme ,ton energie à elaborer mille projets sont tout à fait remarquables
je suis ravie que la feria ait bien marché c ' est un temps fort pour toi et les mamans te les enfants qui t ' entourent
bientot les vacances passe du bon temps au chili et ....repose toi bien
je t ' embrasse Claudine